Il va nous faire danser et pleurer avec « Racine carrée », son nouvel album. Alors on fonce !Stromae ou « Storm-ae » ? Avec les sensationnels « Formidable » et « Papaoutai », prêts-à-danser électro sur des textes existentiels, la tempête Stromae, de son vrai nom Paul Van Haver, 28 ans, auteur-compositeur belgo-rwandais, s’abat avec un deuxième album original et novateur. A Bruxelles, dans un studio photo, l’intéressé, poli et blagueur, se détend en montrant à la cantonade ses chaussettes orange…
ELLE. Avec le clip de « Formidable », vous avez surpris tout le monde…Stromae. L’idée, c’était d’incarner vraiment le personnage, inspiré par un ivrogne bruxellois, un peu travesti, que j’avais croisé à 19 ans. A la fin du tournage, j’en pleurais presque tellement c’était humiliant de passer pour un mec saoul.
ELLE. Les textes de votre album sont sombres, même si les musiques sont dansantes. Il y a même une chanson sur le cancer…Stomae. J’avais écrit un petit texte après avoir passé un moment dans un fumoir d’aéroport, l’un des endroits les plus atroces au monde. Ça pue, personne ne se parle, on se sent toxico. Et j’ai imaginé ce morceau qui commence par « T’as même voulu te faire ma mère/T’as commencé par ses seins ».
ELLE. Une autre chanson a pour titre « Bâtard »…Stromae. C’est ce que je suis, au-delà du mélange, c’est le compromis à la belge. Je ne fais pas de politique, je n’ai pas d’avis et je me crois au-dessus de la masse parce que je ne fais pas de choix. Au Rwanda, je suis considéré comme un Blanc et, en Belgique, comme un Noir. En grandissant, j’ai compris qu’être métis était une richesse et une force…
ELLE. D’où les mélanges musicaux très forts de l’album…Stromae. J’ai tout gardé : les beats qui tapent de la trap music (la nouvelle techno), le hip-hop, les guitares de rumba congolaise, les percus africaines. Et, pour mes costumesn de scène et de clip, on a croisé le wax avec le style anglais. Je suis très maniaque, il me fallait une justification, une trame de base à tous les visuels.
ELLE. Dans « Carmen », vous dites que « L’amour est comme l’oiseau de Twitter ». Stromae. Je caricature la façon de consommer l’amour aujourd’hui, à la « je te prends, je te jette, un de perdu, dix de retrouvés ». Sans leçon de morale, je pose juste des questions. Dans mes périodes de célibat, j’ai pu avoir ce côté froid aussi, avec ce refus de m’engager pour ne pas prendre le risque de souffrir. Je fais partie d’une génération assez désabusée.
ELLE. Et aujourd’hui que vous êtes en couple ?Stromae. J’essaie de croire à l’amour et j’ai un côté Bisounours, plutôt romantique. Finalement, ta copine est une relou quand elle te dit qu’elle veut faire des gosses, mais est-ce que ce n’est pas une bonne idée de construire aussi, un peu ? Sinon, tu vas les faire à quel âge, tes enfants ? Ta femme, c’est une relou et toi tu es un crétin, mais c’est ça l’amour.
source : http://www.elle.fr/Loisirs/Musique/News/L-interview-it-belge-de-Stromae-2568953