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"Musique. Formidable, Stromae nous décrypte son succès !
Musique. Trois ans après l’énorme succès d’Alors on danse, le chanteur belge remet les couverts avec un album toujours aussi dansant, aux textes encore plus forts. Stromae est bien un phénomène.
Sacré Paul Van Haver ! Il lui aura suffi d’un premier disque, il y a trois ans – agrémenté il est vrai d’un énorme tube – pour que son deuxième album soit attendu comme le soleil sur l’été 2013. Et qu’il fasse événement. Certes, le plan marketing a été concocté aux petits oignons, avec cette vidéo qui montrait le chanteur passablement ivre au petit matin dans Bruxelles. Ce n’était qu’un gag. Mais qui a créé le buzz. D’autant que les chansons Formidable et Papaoutai ont tout de suite accroché. Il n’en fallait pas plus pour que les superlatifs pleuvent.
Il est vrai qu’en ces temps de crise, par sa fraîcheur musicale, Racine carrée fait du bien. Stromae, qui n’a après tout que 28 ans, fait mieux que confirmer. Il grandit. Et sa musique avec. Une musique joyeuse, colorée, qui donne envie de bouger, à laquelle Stromae a intégré de nouvelles influences, notamment africaines.
Avec humour, il nous définit son cocktail : « 30 % de spontanéité, 10 à 20 % de calcul, 10 % de trap music (on va y revenir), 10 % de chanson, 10 % de rap, 10 % de coladeira (musique du Cap-Vert), 10 % de rumba congolaise… Cela fait bien 100 % ? » À peu près… Il est 11 h dans ce café parisien à deux pas d’Europe 1 et de RTL, radios-fans…
« J’aime la mélancolie »
Le chanteur enquille sa deuxième interview. Vite. Cet après-midi, on l’attend en Allemagne. Comme d’habitude, il affiche un large sourire. Comme d’habitude, il porte des vêtements colorés, avec un tee-shirt imprimé « papier peint » fushia et vert. Stromae est un garçon joyeux… qui chante des histoires sombres (on l’oublie souvent) sur des musiques… lumineuses.
« Mon prochain challenge sera d’écrire des textes plus optimistes. Mais j’aime la mélancolie, qui n’a rien à voir avec la tristesse et la noirceur. La mélancolie est aussi dans la fête. Quand tu écoutes un coladeira, sur un disque de Cesaria Evora, t’es debout et tu danses. En même temps, la fatigue, les cernes, les rides, qui rendent mélancolique, c’est aussi la vie. »
L'influence de la trap music
C’était son état quand il a achevé sa première tournée, dans la foulée du premier album. Vidé par le tourbillon qui avait suivi. « Pourtant, je m’y suis remis tout de suite. J’avais peur de ne rien pouvoir sortir. » Il s’est retrouvé dans sa (nouvelle) maison des environs de Bruxelles, enfermé volontaire au grenier transformé en studio d’enregistrement.
C’est en solitaire qu’il a travaillé ses idées, devant son piano électrique. « Ma façon de m’exprimer, c’est avec un ordinateur et un beat (boîte à rythmes). C’est après que j’ai fignolé avec des compositeurs et arrangeurs. Ma musique, c’est le rap, l’électro, la chanson. Avec, cette fois, de la salsa, de la soul, des petites guitares rumba. Et j’aime cette nouvelle vague qu’est la trap music. Ça vient du sud des États-Unis. Du hip-hop marié à de la musique industrielle du nord de l’Europe. Un son électronisant, avec du groove, un retour aux racines tribales et rythmiques. Ce côté tribal revient dans la musique par la trap, la house. »
Il avait aussi en tête les chansons africaines qui passaient dans les fêtes des grands, pendant son enfance : « Zao, Papa Wemba… L’ancêtre de Formidable, c’est la chanson Ancien combattant, de Zao. »
« Politiquement correct »
Musicalement, son disque pète la santé. Il y chante pourtant sur le cancer, le sida, une artiste disparue (Cesaria Evora), l’absence du père, les réseaux sociaux cannibales, un minable qui se fait larguer. Mais rien ne fait triste. C’est tout son talent de plume.
Il y glisse de la poésie, de la délicatesse, du sentiment. Il joue habilement avec la langue, sans trop en faire, posant parfois simplement des questions, comme dans Bâtard : « Qu’est ce qu’il faut être ? explique-t-il. Celui qui a un avis tranché sur tout ou celui qui a du mal à décider, peut-être un peu lâche… Je me sens plutôt dans la peau du deuxième, trop politiquement correct. »
Ce qui l’amène à enfoncer le clou dans Humain à l’eau, qui vilipende l’occidental si sûr de lui. Avant de se lâcher dans AVF (Allez vous faire…), en trio avec deux stars du rap français, Orelsan et Maître Gimms.
C’est en tout cela que Stromae a grandi. Et cet album nous laisse aussi penser que l’artiste belge en a encore beaucoup sous la pédale. Il n’a pas fini de nous épater…
Stromae by Ouest France on Grooveshark
Michel TROADEC.
En concert à partir de novembre. Aucune date dans l’Ouest n’est encore programmée. Mais il se murmure que Stromae serait l’une des têtes d’affiche des TransMusicales de Rennes, en décembre, après y avoir débuté la scène, en 2010."