Stromae nous a donné rendez-vous sur les coups de 18 heures, au coeur de Bruxelles, rue Antoine- Dansaert, pour une tournée de ses deux bars fétiches. Le premier s’appelle L’Archiduc – mais il est blindé et le concert d’un type à la batterie nous empêche absolument d’y faire une interview. L’auteur d’Alors on danse joue ce soir dans les environs de Bruxelles. Le 3 novembre, il sera en concert à l’Olympia de Paris avant de débuter une tournée française. Celle entamée depuis la sortie de son premier album, Cheese, lui a fait comprendre son attachement pour Bruxelles.
“L’humilité de la ville me manque. Avant la sortie de mon disque, on m’avait proposé de m’installer à Paris, mais avec le temps je me suis rendu compte que j’ai pris la bonne décision en restant ici. Bruxelles, c’est chez moi. C’est là que j’ai envie de vivre, de travailler”, explique-t-il alors qu’on traverse la ville avec son manager, Dimitri.
Après vingt ans passés dans le centre-ville, dans les environs de Bockstael (commune de Laeken), Stromae est parti vivre dans une petite ville de la périphérie bruxelloise, pour y suivre sa mère. “On est au calme là-bas, ma mère a eu raison”, dit-il, quand une jeune fille le stoppe devant le Café Central où il a décidé de nous emmener. Elle vient de New York et avoue faire le pied de grue devant l’endroit qu’on dit être le quartier général de Stromae. Elle lui demande un autographe, sous le regard amusé de Dimitri, qui s’exclame : “Vous allez croire qu’on a organisé ça exprès.”
Stromae signe le truc de la fille, lui fait une grosse bise, et nous pénétrons à l’intérieur de ce café racé dont les murs sont recouverts de losanges de bois convexes. “J’aimerais bien demander au patron s’il vend ses murs, ça serait chouette dans un studio”, explique Stromae, avant de s’accouder au comptoir pour commander un amaretto. La soirée commence à peine pour Stromae, qui connaît bien les escapades bruxelloises : “J’en ai fait des soirées de foireux”, dit-il en prenant place sur un canapé en cuir situé près du bar. Derrière nous, un vieux rasta semble s’être endormi juste avant d’avoir fini sa pinte.
La musique que le patron envoie à fond ne gêne pas Stromae qui poursuit en élevant un peu la voix.
“Au début, quand je sortais, Dimitri me déguisait un peu. J’étais habillé en jogging, c’était ma période hip-hop. Il me prêtait des fringues pour que je puisse rentrer en boîte.”
Dimitri se marre. Stromae reprend : “On allait au Fuse, au B-Club, à la Louise Gallery. On avait du mal à rentrer, et quand on y arrivait, on était tellement crevés qu’on dormait sur les banquettes. Après on allait se taper des frites à la barrière Saint-Gilles.”
On l’interroge sur les problèmes de la Belgique. “Ce sont des problèmes de riches. Le pays était au bord de l’explosion et peu à peu on trouve des compromis. On fait ça pour se faire peur, j’ai l’impression parfois.” Il est 19 heures, Stromae reprend un amaretto. Avant de commander, il lève le nez et, de ses yeux, passe l’endroit au laser. “J’aime bien être ici, j’ai l’impression d’être intelligent. C’est intrigant comme lieu, on ne sait pas ce que les gens font. Je me dis que certains sont écrivains, d’autres poètes.”
Un deuxième album bientôt ? “J’y travaille.” Puis d’ajouter : “C’est une ébauche. J’ai un morceau sûr. Il y aura des influences afros, des percussions lourdes, des sons cubains ou rumba congolaise plus assumés.” Il est 20 heures, Stromae doit nous laisser pour aller préparer son concert. “Rejoins-nous ce soir, lance-t-il en serrant une louche avant de s’éclipser. Ça va être la fête”. Alors, on danse ?
Pierre Siankowski
en tournée en France et en Belgique www.stromae.org
source: http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/t/71784/date/2011-10-22/article/jai-fait-la-tournee-des-bars-avec-stromae/